Nous avons affaire à un gang de libertariens uniquement guidés par leur volonté de faire des affaires, pour qui le droit domestique et international ne compte pas. Le gang du Bureau ovale se veut moteur du techno-solutionnisme, destiné à préserver les intérêts économiques courts-termistes de leur oligarchie associée à celle de Moscou. (Lire ici la suite)
Trump et son gang épouse en vérité le récit obscurantiste d’extrême-droite qui valorise la soumission à un pouvoir autoritaire, qui dénie le dérèglement climatique et l’effondrement de la biodiversité, qui discrimine les minorités et rejette les mouvements d’entraide, de solidarité et d’inclusion, qui approuve le négationnisme scientifique et criminalise les mouvements écologistes, féministes, etc. Cet obscurantisme est présent en France dans le RN et Reconquête.
N’allons pas croire que l’ensemble des étasuniens approuvent ce gang. Il y a de plus en plus de manifestations en tous genres aux USA. Parmi les plus spectaculaires, se trouvent celles de scientifiques qui, dans plusieurs États étatsuniens, ce 7 mars, étaient dans la rue, avec des soutiens importants de manifestant·es à Paris, Londres, Berlin, etc. En résumé, des scientifiques de haut niveau ont lancé aux USA une campagne non-violente « Stand Up for Science » (Debout pour la Science) qui condamne les attaques contre des universitaires et chercheur·euses et contre plusieurs agences fédérales scientifiques, médicales, humanitaires et environnementales. L’histoire nous enseigne que l’obscurantisme est un outil stratégique des régimes d’extrême droite, qui muselle l’expression de l’esprit critique et bride l’autonomie des communautés scientifiques et intellectuelles (journalisme, enseignement, art, militantisme, syndicalisme…). Aux États-Unis, le pouvoir en place montre chaque jour sa volonté de faire disparaître des pans entiers de savoirs ; c’est pourquoi il musèle certains domaines scientifiques et va jusqu’à dénaturer des faits observables jusqu’à les ré-écrire. Ces formes de violences nous éloignent d’une société apaisée et lucide, apte à débattre de manière constructive et éclairée, à se mobiliser pour relever les défis actuels, à construire une paix juste et durable entre l’Ukraine et la Russie et au Proche-Orient, à œuvrer pour une planète vivable pour toutes et tous, peu à peu démilitarisée.
Plus d’armes ne mènent pas à la paix, mais à la guerre
Alors que le président républicain des USA aurait pu jouer le rôle d’un véritable et honnête médiateur entre l’Ukraine et la Russie, il a choisi d’abandonner l’Ukraine agressée et de se ranger derrière Poutine l’agresseur. Par ailleurs, l’actuel désengagement militaire américain en Europe aurait dû permettre en France et en Europe une réflexion sur notre sécurité commune. Il n’en est rien puisque le choix de Macron et de l’Europe est de s’engager dans une politique de surarmement.
Le complexe militaro français applaudit quand il entend parler d’une économie de guerre pour laquelle les dépenses militaires passeraient de 2 à 5 % du PIB. Elles sont déjà en Russie de 8 % à cause de la guerre de Poutine contre l’Ukraine, ce qui grève fortement la vie sociale russe où tout le monde a le choix entre se taire ou s’exprimer au risque de se retrouver en prison.
L’idéologie selon laquelle plus d’armes apportent plus de sécurité est insoutenable, notamment après l’envoi depuis plus de trois ans d’armes en Ukraine, ce qui a jeté de l’huile sur le feu, n’a pas arrêté l’envahisseur, a prolongé la guerre, a meurtri un peuple, et affaibli et divisé l’Europe. L’expression « investir dans la défense pour garantir la paix » est trompeuse. « Il faut investir dans la paix avec les armes de la paix » disait Jean Jaurès. Plus d’armes et de forces armées n’ont jamais garanti plus de sécurité. Face à la propagande en faveur d’un surarmement, il convient d’investir dans une Défense civile non-violente, seule à même d’anticiper « les tentatives d’agressions territoriales par une politique de prévention des conflits efficiente et collective » (communiqué du Man du 7 mars).
François Vaillant, rédacteur en chef de la revue Alternatives Non-Violentes.
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