Comment fonctionne Donald Trump ? Jusqu’où peut aller son mépris pour toute forme démocratique du droit domestique et international ? Préparons-nous à devoir marcher en équilibre entre les pièges de la passivité et de la vengeance.
Aussitôt élu président, Donald Trump signe quantité de décrets pour mettre fin au droit d’asile, au droit du sol qu’il trouve « ridicule », à des aides fédérales concernant l’environnement, la santé publique, etc. Et bien d’autres décrets qui engagent la sortie des États-Unis de l’Accord de Paris, de l’OMS etc., qui augmentent les droits de douane de 10 à 25 % à des pays exportateurs vers les États-Unis, etc. (Lire ici la suite).
Le 4 février, lors d’une conférence de presse commune avec son homologue israélien, Donald Trump indique vouloir « prendre le contrôle de la bande de Gaza », « […] la démolir et la reconstruire » en expulsant ses habitants, pour en « être le propriétaire à long terme », et l’ex-magnat de l’immobilier de se rêver en bâtisseur de « la Côte d’Azur du Moyen-Orient. » Voir Le Monde du 5 février 2025.
Personnage imprévisible, opportuniste, qui se croit tout-puissant, Donald Trump semble à vrai dire n’aimer que l’argent. Pourquoi projette-t-il d’annexer le Groënland ? Parce que cette région regorge de pétrole, de cuivre, d’uranium, de nickel et de terres rares si recherchées pour les batteries des voitures électriques. Comme le réchauffement climatique va bientôt permettre d’exploiter les sous-sols du Groënland, autant s’approprier au plus vite cette région grande comme 4 fois la France.
Donald Trump ne connait qu’un seul credo, faire des affaires, et tant pis si cela écrase des personnes déjà en situation de pauvreté ou de précarité. L’absence d’empathie est l’une des caractéristiques de cet habitant de la Maison Blanche. Ce que souhaitent avant tout son allié Elon Musk, et les autres libertariens de leur entourage, c’est que le business des acteurs privés organise les sociétés à la place des États.
L’argent, le fric, il n’y a que ça qui compte pour eux. Il est d’ailleurs étonnant que les grandes Églises évangélistes étasuniennes aient soutenu depuis si longtemps Donald Trump. Sans elles et leurs moyens de propagande, il n’aurait sans doute jamais été élu, ni en 2016 ni en 2024. Il semble bien que les évangélistes trumpistes s’assoient sur le propos de Jésus de Nazareth : « Nul ne peut servir à la fois Dieu et l’argent » (Mat. 6, 24). En dehors de cette considération, la liberté à tout-va prônée par Donald Trump tourne le dos au droit qui en démocratie protège les pauvres et les sans-grades : c’est ce droit-ci que la non-violence nous pousse à revendiquer et à construire.
C’est au nom de la liberté que l’on peut facilement acheter une arme à feu dans la plupart des États. Peu importe le nombre de victimes par tueries de masse et homicides, plus de 40 000 en 2022 (Le Monde 25.06.2024). Les libertariens prônent en réalité une liberté qui opprime, comme Henri Lacordaire la fustigeait déjà en 1848 : « Entre le fort et le faible, entre le riche et le pauvre, entre le maître et le serviteur, c’est la liberté qui opprime, et la loi qui affranchit (1). »
Du côté de la psychiatrie
Le retour au pouvoir de Donald Trump inquiète la communauté psychiatrique internationale. Des experts dressent un tableau clinique inquiétant (voir La Vie n° 4142). Ils relèvent d’abord chez cet homme une « pratique systématique du mensonge couplée à une démesure pathologique ». Sa personnalité serait structurée autour de trois traits fondamentaux : impulsivité, volonté de domination et absence de remords. Donald Trump sait s’enfermer dans sa bulle cognitive où il devient le seul arbitre de la réalité : comme par exemple au sujet du Groënland ou du canal de Panama où son appétit pour les affaires lucratives est totalement déconnecté du droit international. Comme il ne supporte pas la discussion, son cabinet – ce que nous appelons chez nous le conseil des ministres – est formé de personnalités dont la principale caractéristique est de lui être inféodées. Elles n’ont pas été nommées par Trump pour leur compétence mais pour leur loyauté. À suivre, car il n’est pas rare que ce genre de manège mène à des déceptions, puis à des ruptures pour finir en trahisons, quand ce n’est pas à des actes de pure folie.
Donal Trump présente tous les traits de la psychopathie. Elle est décrite en psychiatrie comme une volonté de nuire, sans compassion ni conscience. Elle s’avère dévastatrice en période d’urgence, comme nous l’avons vu pendant la pandémie de Covid-19, lorsque les États-Unis, avec Trump président, sont devenus l’épicentre mondial de la mortalité. Plus récemment à Los Angeles, lors des incendies causés par la sécheresse relative au réchauffement climatique, Donald Trump s’en est pris violemment au gouverneur démocrate Gavin Newsom, affirmant « Gavin doit démissionner. Tout est de sa faute ! »
Des experts psychiatres redoutent un phénomène de contagion. Pour le psychiatre étatsunien Bandy Lee, « Les symptômes liés à la psychopathie se propagent plus rapidement que la pensée rationnelle. Les délires, la paranoïa et la propension à la violence sont particulièrement contagieux. […] Le risque est d’autant plus grand que Trump s’entoure de personnalités reflétant ses dysfonctionnements. » Son administration pourrait ainsi développer une « psychose partagée », avec l’exigence de soumission des citoyens – et pour résultat le chaos, voire l’autodestruction de la société.
Que faire ?
Comment réagir pendant qu’il est encore temps ? Puisque c’est l’argent qui compte avant tout pour Donald Trump, les Québécois ont réagi dès sa menace d’annexion du Canada, en remplaçant dans leurs supermarchés 12 produits étasuniens (sodas, jus de fruit, ketchup, cosmétiques, etc.) par des produits made in Canada (2). En France, des particuliers, des entreprises et des institutions, comme le quotidien Ouest-France, Polytechnique ou la Ville de Paris, ont déjà quitté le réseau X dont Elun Musk est le propriétaire. Et pourquoi pas aussi maintenant Facebook puisque son fondateur Mark Zuckerberg a fait allégeance à Trump ?
Comment réagirons-nous en France et en Europe quand il s’agira bientôt de soutenir des actions de désobéissance civile aux USA qui vont exiger la destitution du 47e président étatsunien ? Que ferons-nous quand sera lancé le boycott international d’Esso, de Coca-Cola, de Ford, Tesla, Amazon, Uber, etc., et que cela nous coûtera des sous ? Sur le boycott, voir le n°179 d’Alternatives Non-Violentes « Le pouvoir économique du boycott ».
La non-violence est inventive et présente des ressources insoupçonnées pour se protéger et combattre les effets de la psychopathie de Donald Trump. De nouveaux meneurs non-violents vont probablement surgir d’ici peu, dans la foulée de Henry David Thoreau, Saul Alinsky, Martin Luther King, etc. Saurons-nous les écouter et apprendre de leurs combats, en passant nous-même à l’action pour le climat, la justice sociale et la paix ?
François Vaillant
Henri Lacordaire, Conférences de Notre-Dame de Paris, tome III, 52e conférence, (Du double travail de l’homme, 16 avril 1848).
Bien d’autres initiatives de « boycottage » sont prises au Québec et ailleurs au Canada, lire sur la Toile Le journal de Québec, 28.01.2025 et ss.