Pourquoi un numéro sur l'autorité ?

Auteur

Élisabeth Maheu

Année de publication

2024

Cet article est paru dans
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Élisabeth Maheu est formatrice en régulation des conflits.

Suite à une série de meurtres commis par des jeunes, Gabriel Attal évoque le 18 avril 2024 la nécessité d’un « vrai sursaut d’autorité pour enrayer la violence d’une partie de la jeunesse ». « C’est la République qui contre-attaque » explique-t-il, avant d’en appeler à « la mobilisation générale de la nation ». Notons, malgré ces meurtres dramatiques, que Christian Mouhanna, chercheur au CNRS, établit que le nombre de mineurs délinquants a baissé de façon significative entre 2017 et 2022 (voir Le Monde du 24 avril 2024).

Le sens donné à l’autorité par l’ex-ministre de l’Éducation est à rapporter à l’autoritarisme qui tente d’imposer un pouvoir par du contrôle et de la répression. L’autoritarisme inspire la méfiance, la peur et la soumission du plus faible au plus fort, à moins que « le plus faible » trouve d’autres armes : manipulation, mensonge, violence, voire rébellion collective. Si le laxisme fait des ravages, l’autoritarisme n’est-il pas l’autre manifestation d’une autorité déficiente ?

Le mot autorité vient du latin auctoritas. Selon les dictionnaires, ce mot est associé à la confiance, l’exemple, le prestige, l’influence. Il est dérivé de auctor (celui qui est à l’origine, auteur, créateur) et du verbe augere (croître, faire croître, augmenter). L’autorité est cette puissance personnelle qui permet de conduire sa propre vie et de susciter l’adhésion des autres à ses propositions. L’usage de cette force est non-violent quand il laisse aux autres la possibilité d’être forts aussi, de devenir auteurs de leurs actes, d’exercer eux-mêmes de l’autorité. Notre société a intérêt à investir des moyens, y compris financiers, pour offrir aux futurs citoyens des expériences de groupes où l’on comprend l’intérêt des règles collectives au service du bien commun et du respect de chacun ; où l’on peut à la fois s’affirmer et s’enrichir de la différence de chacun·e, et où l’on apprend à coopérer et à devenir autonomes. 

Rendez-vous le jeudi 10 octobre

Participez au débat sur ce numéro d’ANV, préparez vos questions aux auteur·es et vos témoignages sur l’autorité. Ce débat aura lieu par Zoom le jeudi 10 octobre, de 18 h 30 à 19 h 30. Pour y accéder, inscrivez-vous dès maintenant en adressant un courriel à visio.anv@free.fr où vous écrivez par exemple « Je m’inscris pour le 10 octobre », ça suffit!

Vous recevrez ensuite le lien pour participer à ce Zoom.


Article écrit par Élisabeth Maheu.

Article paru dans le numéro 212 d’Alternatives non-violentes.