Auteur

François Vaillant

Localisation

Afghanistan

Année de publication

2014

Cet article est paru dans
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Au commencement est la parole. En mai 1968, c’est bien son jaillissement qui fut l’événement central : les habitants de tous les âges se sont mis à se parler comme ils ne l’avaient encore jamais fait, au sein des amphis, des écoles, des familles, des entreprises… Ce ne fut pas sans conflits, mais on se parlait enfin !

Nous vivons en 2008, c’est une autre époque. Le monde est à repenser.

Rien ne va plus pouvoir être comme avant, avec les conséquences du tout automobile et du réchauffement climatique, la raréfaction du pétrole, la gigantesque crise financière qui se prépare, les révoltes de la faim qui ne font que commencer dans les pays malmenés… Le monde est à reconstruire. Alors pourquoi un numéro d’ANV sur l’acte de la parole ? Parce que, pensons-nous, de nouveaux rapports à autrui, à la nature et au monde ne peuvent s’instaurer que si d’abord les mots cessent d’être des maux, que si les paroles cessent d’être des enfermements.

Il existe en effet une ambiguïté dans le phénomène de la parole : d’une part elle est au fondement de la cité politique qui se construit par le discours raisonnable, irrigué par la non-violence, mais, d’autre part, la parole peut abondamment véhiculer de la violence. L’objet de ce numéro est de montrer, à partir de réflexions et d’exemples pratiques, que la parole peut être violente mais aussi non-violente. Elle est réellement non-violente lorsqu’elle prévient de la violence ou qu’elle se montre capable de réparer les dégâts de cette violence.

Faire l’éloge de la parole, c’est rappeler qu’elle peut manipuler et détruire, mais aussi valoriser et construire. S’il est vrai qu’il y a urgence à repenser et reconstruire le monde, la parole est au commencement de cette entreprise.


Article écrit par François Vaillant.

Article paru dans le numéro 147 d’Alternatives non-violentes.