L’histoire pourrait être un des piliers à privilégier pour étayer une éducation à la paix. Il n’en est rien, malheureusement, tant l’enseignement de l’histoire dans les écoles et la culture ambiante s’appuient sur de purs mythes (« nos ancêtres les Gaulois »), privilégient les guerres et conquêtes racontées du seul point de vue des vainqueurs, et ne font que survoler certaines ignominies comme la traite des Noirs à laquelle la France participa si grandement !
Débarrasser l’histoire de ses mythes est une exi-gence intellectuelle aussi importante que de rappeler qu’il a toujours existé des hommes et des femmes qui, de tout temps, se sont levés contre les violences institutionnelles. Depuis plus d’un siècle, les lauréats du prix Nobel de la paix en sont des figures éloquentes.
Pourquoi toujours parler de Jules César et si peu de l’empereur Hadrien, un humaniste avant l’heure ? Pourquoi magnifier le despote Louis XIV et encore ignorer la protestante Marie Durand, cette résistante hors pair à l’époque des guerres de religions ? Il y a des films à réaliser pour montrer l’audace de ces vrais héros, mais l’idéologie du marché continue à privilégier les fadaises du style La guerre des étoiles. Quand verrons-nous sur nos écrans, les vies des Bartholomé de Las Casas, Condorcet, Jean Jaurès, et de tous les sans-grade qui, avec détermination, ont construit l’honneur d’une nation ?
Pour comprendre le présent et envisager l’avenir, il convient de connaître l’histoire et d’en tirer les leçons. Cette tache est urgente, tant les Français ne relèvent aucunement d’une ethnie homogène mais forment un mélange de populations, de cultures, et de langues. À l’heure du paysage européen, le décryptage du passé même récent des nations fait apparaître que chacune d’elles n’est qu’un vrai mélange de cultures. Raison de plus pour chaque nation de savoir accueillir d’autres cultures qui seront un enrichissement pour elle. Comme quoi le sens de l’histoire est probablement un vecteur idéal pour combattre la xénophobie et le racisme, n’en déplaise aux tenants des discours ultra-sécuritaires !
François VAILLANT