Auteur

Élisabeth Maheu

Année de publication

2014

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On peut parfois souhaiter l’horizontalité dans une réunion, pour que chaque personne concernée par le projet commun ait son mot à dire pour peser sur une destinée collective. Mais quand cette méthode est synonyme d’absence de règles, il convient toujours de se demander à qui elle va profiter. Ceux qui vantent l’horizontalité ont souvent à la bouche le mot « démocratie », mais ils en sont souvent les pires adversaires.

Élisabeth MAHEU, Formatrice pour les enseignants de collèges et lycées, IUFM de Rouen ; auteure de Sanctionner sans punir, Lyon, Chronique sociale, 2006 (réédition).

Il existe des carcans institutionnels où la vraie vie n’est plus possible, des fêtes, des réunions et des célébrations religieuses où les protocoles interdisent toute authenticité. On rêve parfois qu’un rebelle ose transgres- ser ces conventions qui figent tout élan du cœur. On se réjouit quand la question spontanée d’un enfant — à qui l’on pardonne encore — bouscule la langue de bois !

Mais a contrario, il est des collectifs où règne la croyance que la vérité démocratique et la justice sortiront d’un débat général improvisé et informel. En fait, les plus timides, les plus lents, ou les plus scrupuleux, y sont livrés à la merci de fortes personnalités, à grand renfort d’adages populaires du genre « qui ne dit mot consent ». Chacun est sommé d’avoir immédiatement un avis sur tout, alors que des pauses réflexives, créatives, structurantes pourraient permettre à chacun de penser par lui-même, pour n’être pas le jouet des autres.

J’ai vu des votes à main levée qui, sous prétexte de transparence, étaient de pures séances de manipulation, et des leurres de consensus où les consultations précipités, à des heures indues, arrachaient des décisions soi-disant collectives dont personne ne saisissait plus les enjeux.

Du cadre, ni trop, ni trop peu

Pour hurler « non », il suffit d’un cortège de rue. C’est évidemment un premier sursaut au sentiment d’injus- tice, préférable à l’apathie ou à la soumission. L’enthousiasme lié à une protestation collective, avec le coude-à-coude fusionnel de la foule et le sentiment de puissance rompent l’isolement, la morosité et le fatalisme. La passion commune trompe l’ennui et stimule la combativité, et pour un temps on évite même les conflits : tous ensemble que l’on est bien, chaque jour qui passe nous est un nouveau lien, ce bonheur d’être unis, qu’il n’ait jamais de fin2

Mais peu à peu, l’émergence de nouveaux pro- blèmes, la confrontation d’inévitables désaccords, les rivalités de personnes, menacent la cohésion. Si le conflit s’exprime haut et fort, le groupe démuni risque d’éclater. Ou bien, si on s’englue dans les non-dits et dits-par-der- rière, le groupe va s’effilocher vers une dissolution de fait. À moins qu’une re-fondation ne soit l’occasion de passer du cri à la parole, de la protestation à la construction d’une alternative, de l’agrégation improvisée à une association autour d’un but explicite et de statuts qui donnent une existence juridique. Pérenniser l’action, accueillir des nouveaux, optimiser l’efficacité des fonctionnements, c’est avec pragmatisme que certains pas- seront progressivement du rejet de toute institutionnalisation à la découverte de combats plus organisés, voire professionnalisés : ainsi sont nés tous les syndicats, les mouvements d’éducation populaire, les institutions d’ai- de sociale, les partis. Nous savons qu’à chaque génération, des jeunes « en lutte » refont nécessairement le che- min du tâtonnement expérimental, phase que de vieux militants impatients rêveraient de leur faire économiser !

Quand on s’est fait abuser par le pouvoir de chefs capricieux au sommet de la hiérarchie pyramidale d’une institution, on rêve évidemment d’horizontalité, où chaque personne concernée par le projet commun aurait son mot à dire, pour peser sur la destinée collective. Mais cela n’est pas synonyme d’absence de règles. D’ailleurs, si la régulation d’un groupe était vécue comme un service rendu au groupe et non comme un pouvoir, elle aurait meilleure presse. La démocratie participative suppose elle aussi des figures d’autorité non-violente, mais plurielles, qui, en partageant à tour de rôle les responsabilités, assument pour un temps limité, de garantir les règles contractualisées dans le groupe, d’organiser la circula- tion de la parole, d’égaliser les niveaux d’information, de stimuler la menée à bien du projet, d’organiser la production du groupe, que ce soit la publication d’un argu- mentaire ou la réalisation d’un évènement.
Plus un groupe devient nombreux, plus sa structu- ration est nécessaire, et au-delà d’un certain effectif, les relations ne sont plus spontanément paisibles. Ce jeune collégien de 14 ans, écrivait dans un bilan de vie de classe : « Quand les règles sont molles, les relations se durcissent ! quand c’est clair et net, tout le monde est plus cool. »

Des oasis de relations harmonieuses ?

J’ai rencontré des groupes qui semblaient bien fonction- ner sans cadre, de façon non-directive, selon les qualifications en vigueur. À bien y regarder, il existe un cadre, mais invisible à première vue, parce qu’intégré : ces groupes sont de faible effectif, homogènes du point de vue des valeurs, des us et coutumes, composés de personnes autonomes, réunies autour d’un projet fédérateur, si bien que les accords tacites ne nécessitent pas de s’outiller de règles explicites. Ces groupes sont relativement fermés. L’accueil de nouveaux suppose de leur confier des « clés » pour qu’ils puissent entrer, comprendre, participer, et ce qui jusque là allait sans dire irait mieux en le disant.

À y regarder d’encore plus près, il est rare que ces groupes ne bénéficient pas de l’autorité discrète de leaders influents, mais tellement légitimés et bienveillants qu’on en oublie leur leadership. Quand, par le plus grand des hasards, le groupe ne prend aucune décision collective contraire aux vœux de ces personnes, je m’interroge. Où sont écrites les règles et les droits de chacun, où sont et par qui sont animés les espaces de régulation ? et qui peut se démarquer de la pensée unique sans dommage excessif ?

Malheureusement, les sectes aussi peuvent séduire par la chaleur humaine, la fluidité du quotidien, et des invitations au lâcher-prise : mais des prédateurs se cachent parfois derrière des visages de papis souriants.

Des pièges et des proies faciles...

Spontanéité, confiance, transparence, écoute sont des attitudes considérées comme très positives. Or, leur évocation peut parfois brouiller les cartes, inconsciem- ment ou délibérément, exemples : « Je suis sûr que tu en as envie, laisse-toi faire de temps en temps, ne reste pas dans le contrôle, sois un peu spontanée », ce message paradoxal se passe de commentaire !

« Tu peux me faire confiance, et tout me dire », attention au piège ! Quel est notre statut l’un par rapport à l’autre ? La directrice doit-elle écouter les confidences sur les relations intimes d’un subalterne ?

« Vous pouvez rester, nous n’avons rien à cacher », piège, parfois ! Que cache la transparence ? Quel est l’objectif de la présence autour de la table de cet observateur non directement concerné par les décisions à prendre ? Quels sont ses liens avec l’une ou l’autre des parties ? Quelle est son influence ?

« Tu n’es même pas capable de m’écouter jusqu’au bout », culpabilisation, piège encore. Doit-on tolérer un procès d’intention, ou l’expression de faits inexacts ? Certaines accusations ne sont-elles pas à la fois fausses et sincères ? Va-t-on laisser quelqu’un, au prétexte qu’il souffre, éjecter sa haine directement aux personnes concernées ? Il y a des paroles spontanées que je refuse d’entendre : « Je prends conscience que tu as très mal perçu ce que j’ai fait. Mais ce n’est pas une raison pour m’insulter » ; et je me protège en prenant poliment congé. C’est aussi respecter une personne de ne pas la laisser maltraiter ses proches, car en les blessant, il me semble qu’elle se fait mal aussi. Défouler spontanément sa colère sur l’autre ne soulage qu’à courte vue, et s’il y a bel et bien décharge de la tension intérieure, c’est au prix de dégâts relationnels et de culpabilité ultérieure.

Parole contenue, parole soutenue

Dans un cercle de parole non-violent 3, où la parole dite est vécue par tous au même moment, tout n’est pas permis sous prétexte de sincérité et de spontanéité, les règles sont très précises.

Dans une session de formation, il est fréquent de croiser des stagiaires qui ont tendance à bavarder, ou bien à déclamer haut et fort des certitudes, ou encore à se complaire dans des généralisations intellectuelles à grand renfort de jargon : ces attitudes manifestent sans doute le besoin d’être reconnu, mais sont des formes d’évitement de la parole vraie et impliquée. Tout reste à dire.

Si le droit de se taire est de règle, chacun est invité à parler, protégé par le cadre posé : on ne coupe pas la parole, on écoute, on parle de soi et non sur l’autre. Mais chacun à son tour est aussi sollicité de façon singulière par l’animateur : « Votre ressenti est respectable, vos besoins sont légitimes, votre contribution nous est précieuse, votre différence de point de vue va nous manquer si vous ne la partagez pas avec nous. » Savoir recueillir la parole, transformer la parole désordonnée et trébuchante, l’accueillir comme un trésor d’humanité, au-delà des mots.

Parole retenue

Prendre la parole c’est s’exposer, avec la peur de déce- voir, de se décevoir, la peur d’être mal entendu ou mal compris. La crainte d’être jugé est légitime. En effet, si l’écoute non jugeante est « naturelle » chez quelques per- sonnes, d’autres n’y parviennent pas toujours, malgré de louables efforts, et il est des gens chez qui la bienveillance semble la dernière des préoccupations. Non, le respect n’est pas spontanément acquis. Qui n’a jamais manifesté de l’humeur agressive, de la suspicion ? Qui n’a jamais fusillé d’un regard accusateur l’interlocuteur qui dérange ? Qui peut prétendre réguler par lui-même et en tous temps l’émotion de la réaction spontanée, le mot de trop qui échappe, la maladresse qui blesse ? Bien sûr, on peut ensuite présenter ses excuses, demander pardon, mais la blessure est là... N’aurait-elle pas pu être évitée ?

Des rituels pour juguler la violence

 

Dans les compétitions sportives, les jeux de rôle, les matchs de théâtre-impro, le théâtre forum, un rituel signifie que l’on entre en scène et comment on en sort, les règles du jeu précisent jusqu’où il est permis de... Si les joueurs sont consentants, si l’arbitre reste hors-jeu pour exercer sa nécessaire autorité, on peut alors crier, improviser, « jouer au méchant », se laisser prendre au jeu, lâcher prise, mais ce n’est pas tout lâcher sans contrôle aucun !

Il y a d’autres lieux et d’autres tiers, qui permettent d’autres expressions : la consultation confidentielle et protégée par le psychologue, le rendez-vous intime et différé de l’écriture, l’espace libéré par l’art thérapie (« Les mots difficiles à dire sont parfois plus faciles à chanter 4 », ou à peindre).

Tous ces lieux ont leurs rituels. Car la spontanéi- té risque d’abolir la distance. L’interdit est là pour empêcher la satisfaction immédiate des besoins aux dépens de l’autre. Le rituel conserve cette distance ouverte, c’est une mise en scène symbolique qui indique une autre voie de satisfaction, qui tient compte de l’autre, qui vise à civiliser le besoin. Le rituel facilite le deuil du « moi d’abord, tout de suite » et permet la rencontre.

S’il reste habité de son sens, le rituel permet d’expérimenter que la contrainte peut servir la liberté d’expression 5.

Non-violence, engagement et empathie

La non-violence suppose de nous impliquer à fond dans les actions qui nous semblent justes, et dans les débats qui nous tiennent à cœur. La non-violence nous invite aussi à garder mesure, et même détachement : pour laisser une place à l’interlocuteur ; pour le laisser cheminer sans vouloir le convaincre immédiatement, le vaincre à tout prix. Il est question de juste distance entre passion et patience, d’assertivité et d’empathie, cette capacité à comprendre et prendre en compte l’autre, tout en affirmant ses convictions.

Du naturel à l’art : cultiver des savoir-être

L’empathie n’est pas une question d’atomes crochus. Elle s’apprend, c’est une compétence psychosociale, comme l’autorégulation, l’auto-évaluation, la coopération. Comme dans tout apprentissage, il y a différents degrés. Au degré zéro de l’incompétence, « je dis sponta- nément ce que j’ai sur le cœur, et advienne que pourra ».

Tout va bien... Jusqu’à ce qu’un « retour de manivelle » nous projette au degré 1 : « C’est inconfortable, je prends conscience que mon attitude n’est pas adaptée, ce conflit intérieur me pousse à modifier ma façon d’être. » Je décide de changer, je m’exerce, je m’applique à bien écouter, à reformuler, cela me demande des efforts, cela rend par- fois la relation un peu apprêtée, manquant justement de spontanéité : c’est le degré 2. Mais au degré 3, l’empathie devient inhérente à la personne : comme le patineur qui glisse avec aisance, l’équilibre et la paix intérieure permettent d’être à la fois authentique et spontané. Je connais une telle personne : elle a 80 ans !

Le culte de la spontanéité et du naturel, c’est la croyance que nous sommes tout entier et tout vrai dans nos impulsions. C’est bien réducteur. Nous sommes infiniment plus que cette facette de nous–mêmes que nous affichons dans l’instant. Nous sommes aussi capables — ou nous pouvons le devenir — de réfléchir, de nuancer, d’attendre, de choisir le moment opportun, de mesurer les enjeux et les conséquences de ce que nous allons dire. Il n’est pas honteux de craindre de mal dire ce que l’on a à dire, et de vouloir s’en protéger, en demandant l’aide de tiers régulateurs ou médiateurs, en se donnant des règles, en s’autorisant des temps de réflexion, en s’efforçant parfois de passer par l’écrit, du premier brouillon jeté au texte ciselé que l’on transmet comme un cadeau.

Éducation à la parole

Malgré toutes les réflexions ci-dessus, je n’hésite pas à le dire : cultivons chez nos enfants l’expression spontanée et la créativité. Car il semble plus facile de canaliser une énergie débordante que de la faire émerger chez une personne inhibée par les injonctions castratrices entendues dès la petite enfance. Bien sûr, l’enfant doit aussi apprendre à ne pas faire trop d’ombre à son voisin, à se contenir pour établir des relations équilibrées et respectueuses. Heureusement, l’autre est là qui l’oblige — sur- tout s’il est obligeant — à choisir, renoncer, assumer, se positionner, prendre progressivement la responsabilité de sa vie et de ses propos. Mais les réalités de la vie se chargeront bien de rogner l’envergure du bel oiseau, il n’est pas nécessaire de lui briser les ailes dès le berceau. Car plus difficile est de faire s’envoler un escargot. I

1) « Spontanéisme : doctrine de certains groupes d’extrême gauche qui font confiance à la spontanéité révolutionnaire des masses », d’après le dictionnaire Hachette, 1995.

2) Paroles d’une chanson en camps d’adolescents, années 1960.

3) Voir encadré : « Animer un cercle de parole ».

4) « Les mots difficiles à dire sont plus faciles à chanter », paroles d’une chanson de Mannick.

5) Lire : Éloge des rituels, Denis Jeffrey, Laval, Les Presses de l’Université, 2003.

Les messages électroniques

J’ai vu des décisions se prendre par courriels en dehors de toute vérification de représentativité, d’exposé des motifs... Chacun réagissait à ce qu’il lisait, sans suivre la chronologie des interventions ni la logique du débat contradictoire. Comme le courrier postal, le courriel permet de digérer l’information et de différer sa réaction. Le grand malentendu, c’est que les uns s’y expriment comme à l’oral tandis que leurs messages sont lus comme des écrits, privés du ton, des clins d’œil et autres expressions non-verbales qui nuancent ou complètent le dire : quid des moues réprobatrices, des hochement de tête qui acquiescent, des mimiques qui nous renseignent sur l’état d’âme de nos interlocuteurs et nous donnent autant d’occasions d’éviter ou de dissiper les malentendus ? La spontanéité peut y faire des ravages.

Les échanges téléphoniques donnent de la voix, c’est mieux, et les vidéoconférences transmet- tent les froncements de sourcils, il ne manque plus que les poignées de main et le parfum des bouquets de fleurs... Quant aux SMS, s’ils permettent de petits clins d’œil pour entretenir une complicité déjà établie, la gamme des nuances est plutôt réduite s’il s’agit de découvrir l’autre ou d’argumenter. Bien commodes pour communiquer à distance, tous ces outils complémentaires supposent des emplois spécifiques et des modes d’emploi réfléchis. É. M.

Animer un cercle de parole

Annie DÉAN, Formatrice à la régulation non-violente des conflits, à l’Ifman Normandie-Bretagne (www.ifman.fr). Cet encadré est inspiré du livre de Véronique Guérin, À quoi sert l’autorité ?, Chronique sociale, 2004

Depuis la nuit des temps, de façon plus ou moins formelle, les humains qui souhaitent discuter, échanger, pala- brer ou prendre des déci- sions se réunissent en cercle : conseils des anciens des villages afr cains, chevaliers de la table ronde, conseils municipaux, conseils d’école ou de famille... Cette disposition permet à chacun de voir les autres et facilite l’at- tention et la concentration. Cette disposition permet également de créer une sécurité, une confiance et de resserrer les liens entre les membres du groupe : en effet celui qui s’exprime s’adresse à tous les autres et non uniquement à l’animateur.

La mise en place du « cercle de parole » a un effet apaisant. Chacun y développe sa capacité à donner son point de vue et à en écouter d’autres. Cet apprentissage permet de prendre conscience que sa propre perception du monde n’est pas le monde, qu’elle peut s’éla- borer, se transformer, s’enrichir, en tenant compte du point de vue des autres. Les relations dans le groupe en sont profondément modifiées car chacun se sent accepté et reconnu comme personne, prend sa place et accepte plus facilement de faire place aux autres.

Mais il ne suffit pas de former un cercle pour que la parole y soit possible et efficiente. Quelques règles simples sont à garantir absolument :

• chaque participant est invité à s’exprimer sur le sujet traité. Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise réponse donc on ne manifeste pas de jugement ;

• ne parle que celui qui a envie de dire quelque chose ;

• les autres s’efforcent de l’écouter jusqu’au bout sans l’interrompre. Commentaires, critiques et moqueries sont proscrits ;

• dans certains groupes, ou certaines circonstances, il est demandé de respecter la confidentialité de ce qui se dit. Cette règle permet une plus grande liberté d’exprimer son point de vue personnel.

Pour faciliter le bon déroulement et la profon- deur du cercle de parole, l’animateur de séance doit tout à la fois créer un climat sécurisant, garantir le res- pect des règles, et faciliter l’expression de tous et l’écoute véritable, inviter chacun à dire « je ». Ces règles sont nécessaires.

Un certain rituel rassure et permet une identifi- cation claire de ce moment privilégié : rendez-vous repéré, lieu particulier, bâton de parole...

• L’animateur ouvre le cercle de parole, en introduisant la question du jour, de façon ouverte, sans induire de réponse privilégiée des participants, en particulier avec des enfants ou des personnes sur lesquels il a autorité. Cela ne lui interdit pas de s’impliquer à son tour dans l’échange, si possible ni en premier, ni en dernier.

• L’animateur rappelle autant que nécessaire les règles non négociables d’écoute et de non jugement. Il les garantit en réfrénant les comportements gênants, en reformulant les jugements, propos maladroits ou discourtois, pour aider à exprimer les besoins ou ressentis qui sont cachés derrière. L’animateur est attentif à recentrer le débat autour de la question posée.

• L’animateur invite chacun à s’exprimer s’il le souhaite et l’aide à développer son idée si nécessaire. La reformulation assure le locuteur qu’il est bien entendu et compris, accepté tel qu’il est dans ses ressentis et avis. Il peut s’aider d’un « bâton de parole » ou d’un autre objet symbole qui permet une bonne circulation de la parole, sans oublier de solliciter les « discrets » qui ne prennent pas spontanément la parole, car ils n’ont pas forcément « rien à dire » !

• Lorsque chacun a pu parler, l’animateur invite à réagir à ce qui a été dit : accords, désaccords, res- sentis, hypothèses, propositions...

• L’animateur propose une synthèse des avis et propositions, il s’assure que chacun s’y retrouve.

• Le cercle de parole se termine par un rituel de clôture et de salutation. I

 


Article écrit par Élisabeth Maheu.

Article paru dans le numéro 147 d’Alternatives non-violentes.