Auteur

Georges Gagnaire

Localisation

États-Unis

Année de publication

2014

Cet article est paru dans
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Sécurité, liberté, pourquoi choisir ? Et si nous tissions ensemble la Toile de la cyber-non-violence ?

Qui que nous soyons, quoi que nous fassions, nous confions de plus en plus à des ordinateurs des informations d’ordre personnel.

Ni la possession d’un ordinateur ou d’un téléphone portable, ni l’inscription volontaire à un quelconque site de partage sur Internet n’est maintenant nécessaire pour cela ! L’État et ses différents services, notre employeur, nos banques, notre fournisseur d’électricité, notre boutiquier, nos meilleurs amis même, s’en chargent pour nous… En adhérant à une association, un syndicat, en nous abonnant à un journal, en achetant un billet de train, d’avion, en validant un ticket de bus ou de métro, en passant à la caisse du supermarché, en nous rendant chez notre médecin ou à la pharmacie, en téléphonant, même avec un vieux machin encore accroché par un fil, nous générons sans nous en rendre compte un nombre de données considérables sur notre vie privée.

Qui a conscience que ces données sont collectées et conservées, certes également et à des fins licites, mais qu’ainsi elles deviennent accessibles à qui sait fouiner dans un disque dur et peuvent permettre de nous identifier, de nous localiser, de dresser rapidement un profil très précis de notre comportement ?

Snowden, par ses « révélations », nous alerte sur le fait que, techniquement, l’ensemble de ces données sont disponibles pour qui veut les écouter… Et qu’il y a donc de grandes chances pour que quelqu’un ait, un jour, l’envie de connaître voire de stocker l’ensemble de ces données…

Nous pouvons bien sûr penser que nous n’avons rien à cacher et que si cette surveillance permet d’éviter des actes terroristes et de coincer des cyber-délinquants, ce n’est pas si grave, que c’est même une bonne chose ! Pas si sûr, pas si simple : la « raison d’État » et les « raisons de sécurité » ont tôt fait de l’emporter sur le désir de liberté du citoyen. Le réglage du curseur entre sécurité et liberté est fin et éminemment politique ! La vie privée est sans doute un droit pour chacun, il est urgent que nous réfléchissions à affirmer ce droit et à définir quels devoirs le garantiront. Pourquoi ne pas opposer à la cyber-guerre contre les terrorismes les conditions d’une cyber-paix pour le citoyen ? Et pourquoi pas avec les outils encore à forger d’une cyber-non-violence ?


Article écrit par Georges Gagnaire.

Article paru dans le numéro 170 d’Alternatives non-violentes.