Quand une personnalité de Corse parle de son île

Auteur

Jean-François Bernardini

Localisation

France

Année de publication

2014

Cet article est paru dans
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Non-violence va avec vérité. Dire la vérité n’est jamais aisé, surtout quand il s’agit de combattre des clichés omniprésents dans les esprits. Dire la vérité sur la réalité vécue au quotidien par les Corses nécessite du courage et le sens des responsabilités. ANV présente ici le texte de la conférence donnée à la Mutualité de Paris par Jean-François Bernardini, lors du NV-Day[1], le 15 mai 2013.

 

[1] Ce NV-Day a eu pour but de faire connaître la non-violence. Il fut organisé par la Fondation de Corse et Non-Violence XXI. Plus de 15 associations engagées en non-violence tenaient un stand. Plusieurs conférences-débats portaient sur des combats non-violents vécus dans les banlieues, à l’étranger…

 

Chers amis,

Un Corse qui croit en la non-violence, qui en parle, qui en rêve.

Initialement, cela devrait prêter à sourire… alors merci de rester quand même.

Le 9 avril 2011, la Fondation de Corse choisissait de publier une page entière dans le quotidien Corse Matin. Ce n’est pas tous les jours qu’un quotidien de France publie une page entière sur la non-violence ! Une page payante, il faut savoir choisir ses investissements.

Dès ma sortie de l’École normale, je choisissais de m’abonner à Alternatives non-violentes, une merveilleuse revue que je conseille à tous. C’était mon premier contact avec l’univers et les organisations de la non-violence. C’était aussi une manière de révéler ce que j’avais inconsciemment déjà reçu en matière de non-violence.

Réveiller une soif

C’était une autre manière de me relier à ces mots que maintes fois j’avais entendus dès l’enfance dans mon village… hè megliu à more ch’ è tumbà (mieux vaut mourir que tuer). Mon père me parlait de ces sages que l’on appelait « paceri » (faiseurs de paix).

Dans nombre de villages de Corse, par la parole, la médiation, ils étaient des régulateurs sociaux, médiateurs dans les conflits. Une manière de faire tiers dans la société, un mode d’apaisement et de régulation des conflits. Moi-même j’ai été invité à jouer ce rôle de « paceru » au moment où la Corse traversait des heures tragiques. (…)

Une souffrance qui a ses causes

Si on essaie de la fuir, on n’aura jamais l’occasion de transformer. Si on identifie ce qui la nourrit, on est déjà sur la voie de la libération. Le point de départ de l’esprit de non-violence est toujours la vérité, l’exigence de vérité. Les Corses sont comme tout le monde, ils ne sont ni violents ni non-violents par nature… Ils sont pourtant exposés à une réalité que beaucoup ignorent. La Corse vit aujourd’hui avec les conséquences d’une vision pauvre.

J’ai dressé pour vous tous une petite liste. Une sorte de recette, un inventaire tissé au fil de l’histoire. Je me suis dit que cela pourrait s’appeler : « Comment créer la souffrance, comment appauvrir, comment fragiliser une communauté de destin, une solidarité de destin, comment détruire le lien, comment détruire un peuple » :

  • Déclarer qu’il n’en est pas un.
  • Organiser des débats pour constater que lui-même n’est pas convaincu de son existence.
  • Interdire sa langue à l’école et à l’église.
  • Lui dire qu’il n’est capable de rien… pas même d’exploiter ses propres richesses.
  • Créer de lui un portrait qui fait peur et qui va fonctionner dans l’inconscient du monde.
  • Affiner l’art de la plaisanterie à son sujet : lui dire qu’il a un beau pays mais que cela serait plus simple sans les habitants…
  • Le nourrir avec des bateaux pour mieux l’amputer de sa souveraineté alimentaire.
  • Fermer sa seule et unique université pendant deux siècles (1769-1981).
  • Décréter le silence et l’oubli sur son histoire pour mieux enterrer la vérité.
  • Le couper de sa tradition spirituelle.
  • En matière de grande criminalité, s’assurer que l’impunité y soit dix-huit fois supérieure à la moyenne nationale.
  • Le discréditer, le diaboliser à dose homéopathique mais régulière afin que nul n’en prenne conscience.
  • Empêcher qu’il y ait un tiers capable de faire la lumière, dire la vérité, prendre sa défense.
  • L’amener à sa propre perte par la résignation des uns… et la violence des autres.

Ce n’est pas le propos qui est virulent c’est la réalité. Finalement je prends conscience que cette recette-là pourrait s’appeler : « Comment appauvrir, comment détruire le monde. » Désormais, on comprend mieux que ce qui avait été programmé et réservé à la Corse, ça ne marche pas, ça ne construit pas la paix. Sous-estimer l’âme des peuples ne marche nulle part.

La Corse est aujourd’hui en souffrance de sa culture. Un linguicide programmé est en train de s’y achever. Mais perdre son âme, sa culture, ses racines est ce qui nous menace tous aujourd’hui, pas seulement au niveau national, mais au niveau d’une logique planétaire… La non-violence dirait que l’on ne parle que si quelqu’un écoute, que si on a l’espoir d’être entendu.

Alors, le portrait de la Corse, le construit qui circulent désormais dans nos inconscients à tous, ont fini par convaincre, y compris les Corses eux-mêmes. Ce construit est un savant cocktail de mensonges, d’omerta, de vendetta, de mœurs particulières, une hypothèse génétique.

La violence serait endémique en Corse. En chaque occasion de crise, on rallume les contre-feux, omerta, vendetta… Le ministre de l’Intérieur semble luimême malmené, comme désorienté par cet amalgame automatique entre criminalité et culture corse, je cite : « Je sais que la violence est culturellement enracinée en Corse. (…) Les Corses doivent parler[1]. »

Au prisme de l’histoire

Le prisme de l’histoire peut quelquefois nous éclairer d’une manière étonnante. André François Miot a été conseiller d’État, « ministre de l’Intérieur » en Corse au tout début du XIXe siècle. En 1810, il écrivait : « Soumis successivement à des maîtres dont la tyrannie dédaignait leurs plaintes, les Corses ont fini par chercher dans l’emploi de la force individuelle, pour eux et pour leurs familles, une protection que les lois leur refusaient. Cela est essentiel à retenir pour comprendre que la violence n’y a été à l’origine, que l’expression d’un désir inassouvi de justice. » André François Miot a été puni et renvoyé par ses supérieurs qui l’ont accusé de « modération » vis-à-vis de la Corse.

Avant, en 1755, Pascal Paoli instaure dans l’île les fondements d’une toute première République démocratique, qui, je vous le rappelle, accordait le droit de vote aux femmes dès 1755. À cette époque, la Corse a inspiré l’un des plus grands poètes allemands, Friedrich Hölderlin[2], érudit, intellectuel, qui dans une fiction rêve d’aller en Corse soutenir l’ardente lutte que mènent les Corses.

Soutenir une lutte noble à laquelle toute l’Europe avait envie de participer.

Voltaire, alors émerveillé, appelait la Corse « l’île de la justice », rajoutant : « toute l’Europe est corse ».

Au XVIIIe siècle, à travers toute l’Europe et au-delà aux États-Unis[3], se reflétait donc un portrait, une image de la Corse que l’on est difficilement capable d’imaginer aujourd’hui. Que s’est-il passé depuis ? Que s’est-il passé entre Hölderlin en 1800, Paoli, Voltaire, Rousseau et le portrait de la Corse contemporaine ? Aujourd’hui, la Corse est dite zone la plus criminogène d’Europe au regard des statistiques.

Oui, la Corse est opprimée par la criminalité. Ce que l’on ne dit jamais, c’est qu’elle est également occupée, opprimée par l’impunité.

Il y a en Corse face à la grande criminalité, c’est un chiffre que j’avance, dix-huit fois plus d’impunité qu’en terre continentale. En quel état serait la France entière avec 2 100 meurtres impunis par an ? Là, est un véritable scandale d’État jamais nommé.

Le véritable scandale d’État

Quand les syndicats de policiers s’expriment dans l’île, ils nous disent : « Notre travail est gangrené par des guerres des services, compétition malsaine entre police et gendarmerie, rétention d’information, inefficacité des enquêtes, pas de véritable service de lutte permanent contre le trafic de stupéfiants, pôle financier inexistant… » (Corse matin du 31 octobre 2012)

La Corse semble donc la région française la moins bien équipée, la moins bien protégée face aux activités criminelles. À défaut d’être efficace face à la criminalité, on condamne un territoire comme on le fait également ailleurs, pour les banlieues par exemple. Le nouveau procureur de Justice, avant de prendre ses fonctions à Ajaccio en octobre 2012, déclarait dans Libération du 21 octobre 2012 : « On ne peut pas reprocher son inefficacité à la Justice, tant que les Corses ne feront pas leur devoir de citoyen ! »

Personne ne hurle d’indignation. Personne au niveau de l’État ne rappelle ces hauts fonctionnaires à la raison et à l’intelligence. Les vrais criminels, les vrais responsables impunis se frottent les mains. Là est la véritable normose de la Corse. Une normose, où ce sont les justes qui vivent mal, qui dorment mal.

Mais que peuvent dire les citoyens lambda face à des crimes commis par des professionnels en moto et casqués, qui agissent en quinze secondes, disparaissent, et laissent une moto brûlée à 30 kilomètres du lieu du crime ? De fait, le nom que l’on donne au silence des Corses est une profonde méprise.

Au lendemain de chaque affaire, c’est la Corse qui est convoquée dans l’actualité. Sous le feu de stéréotypes et de préjugés, elle reçoit au passage une de ces « raclées médiatiques » dont elle a le privilège.

En chacun d’entre nous résonne alors cet écho : « Ce sont les Corses, ils ne sont pas comme nous. » Nos cerveaux sont colonialisés, occupés par ce regard. Les phrases assassines fusent des deux côtés. J’ai entendu dans la bouche de lycéens en Corse trop souvent : « Ils ne peuvent pas nous voir. » Qui ? Les médias, la France, les « autres » ? Nous avons tous entendu dire des centaines de fois : « La Corse serait un beau pays sans ses habitants », ou bien : « Les Corses, qu’ils se calment. »

La violence n’est endémique nulle part. Ne serait-elle pas plutôt « épidémique » ?

Il y a pourtant des données et des chiffres insoupçonnés sur la Corse. Voici les chiffres de la police et de la gendarmerie de 2012, publiés à la Documentation française en 2012, et divulgués par Julien Mucchielli, dans Corse Matin du 31 octobre 2012 :

Liste des faits d’atteinte à l’intégrité physique par région et par département

  • Corse : 5,51 faits pour 1 000 habitants.
  • Moyenne nationale : 7,49
  • La Corse : 11ème sur 22 régions.

Liste des taux de violences sexuelles (viols, agressions et harcèlement sexuels)

  • Corse, 2,5 faits pour 10 000 habitants.
  • Taux le plus bas de France.

La violence scolaire y est reconnue parmi les taux les plus bas de France.

Pourquoi la non-violence en Corse est-elle une chance historique ?

Quand la Fondation de Corse a publié une page publicitaire dans Corse matin[4] pour faire connaître son engagement en non-violence, nous étions loin d’imaginer l’écho qu’elle susciterait. Parce qu’il y a souffrance, et la soif du vaccin est proportionnelle. Parce que la non-violence est sans doute le seul moyen qui reste à la Corse de dire sa vérité, d’être entendue, d’être crue.

En exigeant la vérité, la non-violence nous délivre de la véritable omerta sur la Corse. Elle ne libère pas seulement les Corses, elle libère l’opinion publique sur la Corse. L’incompréhension qui détruit, qui crée un abîme, une aliénation des deux côtés. Entre ceux qui méprisent et ceux qui sont méprisés, rien n’est envisageable. Entre ceux qui craignent et ceux qui font peur, rien ne sera possible.

Les citoyens de France n’ont pas envie de voir les Corses dans ce rôle dévastateur dans lequel ils se trouvent enfermés. Les citoyens de Corse n’ont pas envie de voir les citoyens de France et d’ailleurs dans le rôle de l’ennemi.

La non-violence dit : il y a une santé pour la Corse et pas seulement une maladie. Effectivement, en Corse, la non-violence vient ouvrir une brèche. Elle nous offre un nouveau point de repère et un autre point de vue qui nous libère de deux pièges.

Le premier piège, c’est celui dans lequel est enfermée l’île depuis des décennies, « pour la violence ! » ou « contre la violence ! » Deux seuls choix possibles qui empêchent tout autre questionnement. « Pour ou contre la violence » est devenu chez nous une question d’identité. Voici 40 ans que la Corse est prise dans ce piège, ce face-à-face entre ceux qui condamnent la violence, et ceux qui ne la condamnent pas.

« Pour la violence », on paie très cher, on commet l’irréparable, on perd une grande partie de l’équipage, on s’isole… « Contre la violence », on se résigne, on se dédouane, on condamne la violence des autres, on tait l’injustice, on enterre la colère. Et il est toujours dangereux d’enterrer la colère.

Le second piège, lui aussi est tenace. Il prétend que tout ce que la Corse a obtenu l’aurait été par la violence. C’est une conviction largement admise aujourd’hui dans toutes les sphères, presque un compliment, que l’on adresse à la Corse. Mais c’est aussi un postulat pernicieux, dangereux, et mensonger. Un vrai conditionnement à la violence future. Une manière de dire : « Si tu veux être efficace, utilise des moyens qui se retourneront contre toi, contre la noblesse de ton combat, dans lequel tu perdras crédibilité et liberté au nom de ce qui est prétendument libérateur. »

Qu’est-ce qui reste à défendre avec du sang sur les mains ? Même avec une colère et une indignation estimable et des sacrifices énormes qui touchent souvent les plus vivants, les plus indignés, il faut mesurer l’arbre à ses fruits. En Corse comme partout, la violence croit remédier au mal, mais elle détruit la bonne santé, elle dévitalise.

La non-violence nous offre alors la perspective d’un troisième point de vue qui nous libère de ces deux pièges-ci. Gandhi disait : « Je préfère la violence à la lâcheté. » Et la Corse a souvent préféré la violence à la lâcheté. Mais Gandhi ajoutait immédiatement à son propos : « La non-violence est plus efficace. »

La Corse ne veut plus aujourd’hui choisir entre deux maladies. Elle réclame la bonne santé. Ni la passivité, ni la lâcheté. Ni la résignation d’un côté, ni la violence de l’autre ne nous sortent d’affaire.

Comment grandit-on dans une société dont les statistiques disent qu’elle est la plus criminogène d’Europe ? En entendant dire que les Corses sont violents par tradition, que « si on a tué ton père c’est qu’il devait y être pour quelque chose ! » En sachant que les assassins ne seront ni identifiés ni punis. Tout cela est neutre, inoffensif ?

Comment grandissent les enfants quand on tue à 2 kilomètres du collège, sans qu’un mot soit posé sur cette souffrance ? Quand ce goutte-à-goutte de suspicion est avalé au quotidien, criminalisant toutes les victimes ? Quand une société entière est empoisonnée par le soupçon ? Entouré d’évènements que nul ne peut ni lire ni influencer ni élucider, face au silence des adultes, au silence de l’école, au silence de l’Église et face à des tribunaux muets ? Si la Corse est une des régions de France la moins touchée par la violence à l’école, là est une autre « violence scolaire » jamais dénoncée.

Personne n’a jamais dit à la Corse qu’elle aussi a droit à la non-violence, à cette intelligence, cet outil, cet espoir, cette confiance, cette conviction, cette bonne santé de la non-violence. Oui, nous voulons changer cette réalité-là.

L’élan qui nous porte est celui des passionnés de solution au service du bien commun. La bonne nouvelle, c’est 2 550 personnes, à ce jour, qui ont fait un premier pas, qui ont dit leur soif de cet équipement de vie. La bonne nouvelle, c’est la lettre officielle du recteur de Corse encourageant les établissements scolaires de l’île, adultes et juniors à participer à ces formations.

Ce sont des centaines de témoignages qui attestent de la force de la non-violence à nous transformer… Pour cette croisade que nous menons, je veux dire merci à nos amis de l’Ifman, du Man, de Non-Violence XXI ; ils sont devenus des compagnons de route en Corse. De nouvelles formations à la régulation non-violente des conflits sont déjà prévues chacun des trimestres à venir.

Le 14 juin 2013, le Comité économique et social européen (Cese), qui s’intéresse à notre travail en ce domaine, organisera avec nous à Bastia un colloque « Non-violence : une nouvelle voie pour le XXIe siècle». Une bonne nouvelle inimaginable il y a encore quelque temps.

Aujourd’hui, nous découvrons peut-être ensemble la première branche, la première feuille d’une inconnue, la non-violence. Je voulais conclure avec quelques paroles de Corses, et je pourrais vous lire des centaines de messages de ce genre. Ils sont à votre disposition au stand de la Fondation. Je cite : « Ce que j’ai retenu de cette journée c’est de faire ce qui est juste et bon pour la vie, par exemple à certains moments savoir dire “non”. Également savoir communiquer avant d’en venir à la violence », Loann, 12 ans.

« La non-violence, c’est pour nous protéger, pour pas qu’on fasse des trucs mal, frapper, agresser, se moquer, c’est dangereux », Olivier, 13 ans.

« Aujourd’hui, j’ai ressenti une consolation car mon père s’énerve facilement, mais maintenant je sais ce qu’il faudra faire », Mathieu, 13 ans.

Rien n’est plus émouvant que la vérité. Émouvant, du verbe movere, bouger.

Ces mots-là, qui ont été écrits par des enfants corses, sont des victoires qui me font pleurer de joie.

Pour moi ces mots-là valent autant qu’une loi, un décret, un traité d’État… Ils brisent le carcan d’une vieille parole aliénée. Quand des enfants écrivent cela, c’est que la graine en vaut la peine. Le biotope est bien vivant.

Je pourrais résumer tant d’autres messages d’adultes qui disent : « On sort transformés de ces formations. » Cette Corse-là est encore invisible, mais elle deviendra dans les années à venir un véritable laboratoire de non-violence active.

Ce monde-là est encore à construire, mais il est en germe en chacun de nos petits pas.

Il y a là une lumière que nous pouvons, que nous devons porter ensemble.

Merci de m’avoir écouté.

Jean-François Bernardini

 

[1] Manuels Valls, sur France Inter, le 7 mai 2013.

[2] Voir : Marie-Jean Vinciguerra, Hölderlin et Paoli, Édition Materia scritta.

[3] En hommage à Pascal Paoli, huit villes américaines se nomment : « Paoli-city » en Pennsylvanie, dans Indiana, le Wisconsin, l’Oklahoma, le Colorado…

[4] Voir : Corse matin du 9 avril 2011.


Article écrit par Jean-François Bernardini.

Article paru dans le numéro 169 d’Alternatives non-violentes.